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Il y a 9 ans -

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Retour sur Lean Kanban 2013 – 1ère partie

La conférence Lean Kanban qui a eu lieu le 3 et 4 octobre 2013 est clairement une des meilleures conférences que j’ai pu faire. Ce fut l’occasion de rencontrer des passionnés et d’avoir des discussions de qualité. Lean Kanban 2013 c’était 3 keynotes et le reste du temps 3 présentations ou ateliers en parallèle, dont de nombreuses en anglais, d’où la classique, mais difficile question du choix des conférences.

Si je devais résumer ces deux jours avec mots clés, ce serait : Kanban, amélioration continue, prédictibilité, Lean Startup, changement, humain.

C’était aussi l’occasion pour Nathaniel Richand et moi-même de rejouer pour la 3e fois notre atelier Lean Startup avec un feedback toujours aussi positif. Yannick Quenec’hdu a pu aussi faire un retour d’expérience très concret sur la transformation d’une DSI en mode Kanban.

J’ai séparé ce retour en 2 parties pour le rendre plus digeste et, aujourd’hui, je vais vous parler des deux conférences marquantes de ma journée.

David Anderson, Kanban et la gestion évolutive.

David Anderson nous a présenté sa vision de Kanban. En commençant par le constat que, malgré la mise en place de méthodologies comme Scrum, Crystal Method ou XP, la majorité des projets échouent. Les méthodologies définissent les comportements qu’il faut mettre en place dans un projet. Or ces comportements, qui ont fait la réussite de certains projets, ne vont peut-être pas avoir le même résultat dans un autre projet. Pour Alistair Cockburn, il faudrait arrêter avec les méthodologies et adopter des « frameworks d’amélioration réflectifs » et Kanban en serait un.

Les changements de méthodes dans une organisation viennent aussi avec leurs initiatives de changement qui ont encore plus d’échecs que les projets (ou les échecs sont encore plus visibles).  S’inspirant du livre « Thinking, Fast & Slow », David Anderson nous explique que, même si notre réflexion logique comprend l’intérêt d’une nouvelle méthode, cette réflexion est lente et elle a tendance à se faire court-circuiter par notre réflexion émotionnelle qui est rapide. Le changement avec son lot de peurs (par exemple celle de perdre son statut social) et d’inconnus est alors rejeté par les acteurs de l’organisation.

Pour résoudre ce problème, Kanban essaye d’éviter les résistances plus que de pousser fort contre elles tout en catalysant l’amélioration, par exemple en utilisant le management visuel et les métriques. En fait, Kanban serait une « méthode sans méthodologie ». Pour expliquer, David Anderson fait une comparaison intéressante avec la « méthode » Jeet Kune Do développée par Bruce Lee. Celle-ci trouve ses racines dans le Kung-fu, mais a rejeté l’apprentissage traditionnel sous forme de Kata pour un apprentissage dans un contexte réel. Le Jeet Kune Do communique un certain nombre de principes, mais chacun peut développer son propre style. Il faut « absorber ce qui est utile et ne pas hésiter à jeter le reste ».

Par exemple dans Kanban, les idées principales sont :

  • Commencez avec ce que vous faites maintenant
  • Se mettre d’accord pour poursuivre un changement évolutif
  • Initialement, respecter les rôles, les responsabilités et les titres
  • Encourager les actes de leadership à tous les niveaux

Ces trois premiers principes sont d’ailleurs là pour contourner le problème de la résistance émotionnelle au changement.

Kanban apporte aussi 6 pratiques pour permettre un processus évolutif :

  • Visualiser
  • Limiter le travail en cours (WIP)
  • Manager le flux
  • Rendre les règles explicites
  • Mettre en place des boucles de feedback
  • S’améliorer par la collaboration, évoluer par l’expérimentation

Un exemple très simple de tableau Kanban avec les limites.

Cependant, pour être réellement efficace, Kanban a besoin d’une vue du travail orientée sur le service ou avec un flux clairement identifié de tâches.

Dans la suite de sa présentation, David Anderson aborde la mesure business en parlant des limitations du « Net Promoter Score », des risques métiers, de la validation des « Fitness Criteria » avec des vrais clients ou encore des classes de service. Il met en avant Kanban pour installer dans l’organisation la capacité de s’adapter et ainsi créer une compétitivité durable.

Enfin David Anderson nous parle de Lean Startup comme une autre approche évolutive qui permet de rendre un produit ou un service plus adapté à son objectif et plus susceptible de survivre et de prospérer, là où Kanban permet de rendre plus adapté à son objectif. Lean Startup et Kanban seraient deux approches pragmatiques qui amèneraient la philosophie du Jeet Kune Do aux industries innovantes.

Pour moi, cette keynote était l’occasion d’avoir une présentation avancée de la philosophie Kanban. Mon seul regret : un contenu dense avec des slides beaucoup trop chargés qui rendent le message parfois difficile à suivre.

Laurent Morisseau, Kanban pour l’IT

L’autre conférence marquante de cette première journée a été celle de Laurent Morisseau, Kanban pour l’IT, un des leadeurs français de Kanban et auteur du livre Kanban Pour l’IT

Une présentation très pragmatique qui nous explique l’objectif du kanban d’équilibrer la capacité et la demande, mais aussi faire travailler ensemble tous les acteurs de la « chaîne » de création logicielle (métier, réalisation, test, exploitation) ainsi que d’optimiser globalement la chaîne plus que localement les équipes. Il y a aussi les constats que pour un projet sur trois, la complexité est un frein à l’adoption de l’agilité, qu’un problème sur deux en Agile provient des interactions avec des entités non agiles et que 95% du temps d’une demande est passé en attente dans le système. Kanban est là pour diminuer les délais en adressant le processus et les interactions entre les activités.

Pour cela, Kanban peut se placer à différents niveaux d’abstraction (portfolio, produit, équipe et même personnel) et propose de travailler sur des petits lots en flux qu’on ne va plus pousser, mais tirer avec la mise en place de limites.

L’objectif est d’aussi d’étudier le système en s’inspirant de différents modèles :

  • La théorie des files d’attente pour fluidifier le travail
  • La théorie des contraintes pour travailler à la bonne vitesse
  • La maîtrise statistique des procédés pour réduire la variabilité
  • Le lean pour chasser le gaspillage et réduire les délais

Kanban c’est aussi le fait de passer progressivement d’une demande est poussée par le métier vers une demande tirée par les développeurs.

En conclusion, mettre en place un système Kanban c’est évaluer et faire évoluer le système, apprendre des comportements émergents et permettre plus de maturité organisationnelle.

Les autres conférences…

Dans les autres conférences que j’ai pu suivre, j’ai pu voir Michael Leber, traducteur du livre de Jurgen Appello « How to change the world » (que j’ai eu la joie de traduire en Français). Celui-ci nous a fait un savant mélange de présentation inspiré par le livre et d’exercices pratiques en petit groupe, notamment avec l’aide du jeu de cartes « TODO », l’occasion de discuter des problèmes dans les organisations et d’imaginer des solutions à mettre en pratique le lundi matin.

Laurent Meurisse et Nicolas Deverge nous ont fait un retour d’une expérimentation Lean Startup avec une petite équipe de développeur d’Ekito au cours du concours d’innovation AXA Banque.

Cette expérimentation en 2 jours s’est faite en mode Lean Startup avec une journée de MVP dont une vidéo finale et une deuxième journée de développement d’une véritable application. Malgré le temps très court consacré au concours, l’équipe a pu finir dans les finalistes par l’originalité de l’idée et surtout l’efficacité de la méthode employée.

Plus d’information ici : http://www.ekito.fr/people/?p=1414

La suite dans quelques jours !

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