Deployer un artefact sur repo1.maven.org

Vous avez peut-être eu l’obsession de voir « maven » en train de télécharger vos propres artefacts à partir de son repository central. Du moins vous vous êtes sûrement posé la question : mon projet est mavenisé, open source, sur une forge publique (github, googlecode, etc.) et il est destiné à être utilisé par le plus grand nombre ; pourquoi ne pas le publier sur le Maven Central Repository (http://repo1.maven.org) ?

Au lieu de penser à ouvrir votre Nexus sur Internet ou encore à créer votre propre repository sur Google Code ou autre, nous vous proposons de directement déployer sur le Maven Central Repository, ce qui, en plus de vous épargner l’installation d’un repository, facilitera l’utilisation de votre artefact.

Le but de ce billet est de décrire la marche à suivre pour la publication d’un artefact en passant par le repository de Sonatype. Ce dernier étant un repository approuvé pour tout projet OSS comme c’est le cas du repository Apache (pour les projets Apache) et celui du Codehaus (pour les projets Codehaus). Le fait de passer par Sonatype vous garantit d’une part, un processus de validation structurant qui impose un ensemble de points de contrôle (licence, copyright, traçabilité, etc.) augmentant ainsi la qualité des métadonnées, et d’autre part une synchronisation rapide avec le Maven Central Repository.

Il s’agit également de vous faire profiter de notre expérience sur le sujet avec le déploiement de quelques artefacts tels que mindmap-maven-plugin, xebia-management-extras, xebia-spring-security-extras et xebia-servlet-extras.

Ce qui est présenté par la suite est basé principalement sur le guide officiel fourni par Sonatype: https://docs.sonatype.org/display/Repository/Sonatype+OSS+Maven+Repository+Usage+Guide

Choix de la licence du projet

Chacun appliquera sur son code la licence qui lui convient. C’est à la fois un choix « tactique » pour cibler ses utilisateurs et « philosophique » selon ses convictions. Pour résumer ce sujet qui mériterait un billet complet, il y a deux grandes familles de licences :

  • les licences « business friendly » (Apache Software Licence, MIT, BSD, etc) qui facilitent l’intégration dans toute programme (y compris « close source » et commercial)
  • les licences « business unfriendly » (GPL, Aferro GPL, etc) qui sont qualifiées de virales et ne permettent pas l’intégration dans des logiciels « close source »

Pour aller plus loin sur le sujet, nous vous recommandons 451 Chaos Group – 06/2011 : The trend towards permissive licensing et notre récent billet Réponses au Quizz Licences Open Source.

Application de la licence sur les fichiers de son projet

  • Tous les fichiers doivent porter le header de la licence
  • Un fichier LICENSE (exemple) à la racine doit être reporté dans les artefacts générés
  • Un fichier NOTICE (exemple) à la racine doit mentionner les copyrights des dépendances

Si vous êtes dans le cas d’une licence APV2, vous pouvez toujours vous référer à ce lien : Applying the license to new software.

Le apache-rat-plugin permet de vérifier la conformité du projet et peut casser le build dans le cas contraire.

Exemple de déclaration des ressources dans un pom maven pour intégrer les fichiers LICENSE et NOTICE dans les artefacts:

<project ...>
 ...
 <resources>
  <resource>
   <directory>${basedir}/src/main/resources</directory>
   <filtering>true</filtering>
  </resource>
  <resource>
   <directory>${basedir}</directory>
   <targetPath>META-INF</targetPath>
   <includes>
    <include>LICENSE</include>
    <include>NOTICE</include>
   </includes>
  </resource>
 </resources>
 ...
</project>

Exemple d’utilisation du apache-rat-plugin dans un pom maven:

<project ...>
   ...
   <plugin>
    <groupId>org.apache.rat</groupId>
    <artifactId>apache-rat-plugin</artifactId>
    <version>0.7</version>
    <executions>
     <execution>
      <phase>verify</phase>
      <goals>
       <goal>check</goal>
      </goals>
     </execution>
    </executions>
   </plugin>
   ...
</project>

Mise en conformité du pom maven

Le fichier pom.xml doit obligatoirement porter les informations suivantes:

  • <modelVersion>
  • <groupId>
  • <artifactId>
  • <version>
  • <packaging>
  • <name>
  • <description>
  • <url>
  • <licenses>
  • <scm><url>
  • <scm><connection>
  • <developers>

Pour faciliter le déploiement des artifacts sur le repository http://oss.sonatype.org qui sert de bac à sable de validation, le plus simple est de référencer le pom parent « org.sonatype.oss:oss-parent » fourni par sonatype. Exemple :

<project...>
  <parent>
    <groupId>org.sonatype.oss</groupId>
    <artifactId>oss-parent</artifactId>
    <version>7</version>
  </parent>
  ...
</project>

(?) De plus, il est fortement recommandé que le pom.xml ne référence pas de repository (cf. Why Putting Repositories in your POMs is a Bad Idea)

Signature des artefacts avec GPG

Les artefacts publiés sur repo1.maven.org doivent être signés.

Le pom parent org.sonatype.oss:oss-parent utilise le maven-gpg-plugin qui se base sur l’implémentation GnuPG du standard OpenPGP pour la signature des artefacts. Pour s’appuyer dessus, vous devez :

  • Installer un client GPG (e.g. Mac GNU Privacy Guard)
  • Créer votre paire de clés GPG (privée/publique) (cf GPG Quick Start par Paul Heinlein)
  • Distribuer votre clé publique sur un serveur de clé PGP:
gpg --keyserver hkp://pool.sks-keyservers.net --send-keys your_public_key_ID
  • Tester votre clé avec maven-gpg-plugin:
mvn package gpg:sign -Dgpg.passphrase=PASSPHRASE

Création d’un compte sur oss.sonatype.org

La création d’un compte pour déployer sur oss.sonatype.org se fait en créant un compte https://issues.sonatype.org/ .

Création d’un ticket Jira de demande d’autorisation : obligatoire pour la première publication

Il vous faut faire une demande à Sonatype en créant un ticket Jira de demande de publication d’artefact dans lequel on précise :

  • Summary : description rapide du projet
  • GroupId : groupId du projet Maven. Ce groupe doit reprendre le nom de domaine du projet (e.g. : fr.xebia, com.googlecode.myproject, etc.)
  • Project URL : l’url du projet (e.g. http://xebia-france.googlecode.com/
  • SCM URL : l’url du gestionnaire de source (e.g. http://xebia-france.googlecode.com/svn/)
  • Nexus Username : le ou les logins de connexion au JIRA : https://issues.sonatype.org/
  • Already Sync To Central : indique si des versions de l’artefact ont déjà été déployées sur le Maven Central Repository (si oui, Sonatype les réintégrera dans le fichier maven-metadata.xml)
  • Description : toute information complémentaire

Exemple de demande :  OSSRH-995 : Managements extras : jmx-ification of util.concurrent / dbcp / jms, @Profiled annotation, etc

Déploiement des snapshots et des staging releases avec maven

Compléter l’élément SCM avec les informations de votre repository

  • Subversion:
<project>
  ...
  <scm>
    <connection>scm:svn:http://host_name/svn/path_to_project/trunk/</connection>
    <developerConnection>scm:svn:https://host_name/svn/path_to_project/trunk/</developerConnection>
    <url>http://host_name/svn/path_to_project/</url>
  </scm>
  ...
</project>
  • Github:
<project>
  ...
  <scm>
    <connection>scm:git:git@github.com:user/project_name.git</connection>
    <developerConnection>scm:git:git@github.com:user/project_name.git</developerConnection>
    <url>git@github.com:user/project_name.git</url>
  </scm>
  ...
</project>

Configurer le fichier settings.xml

  • Accès au repository nexus de sonatype:
<settings>
  ...
  <servers>
    <server>
      <id>sonatype-nexus-snapshots</id>
      <username>your_jira_id</username>
      <password>your_jira_pwd</password>
    </server>
    <server>
      <id>sonatype-nexus-staging</id>
      <username>your_jira_id</username>
      <password>your_jira_pwd</password>
    </server>
  </servers>
  ...
</settings>
  • Accès au repository du code source
<settings>
  ...
  <servers>
    <server>
      <id>host_name_of_your_scm_url</id>
      <username>user_name</username>
      <password>password</password>
    </server>
  ...
</settings>

Préparer la release: Création d’un nouveau tag sur le repository du code source

mvn release:prepare -Dresume=false (alternativement mvn release:clean release:prepare)

Déployer le nouveau tag dans le staging repository

mvn release:perform -Darguments=-Dgpg.passphrase=<<PASSPHRASE>>

Publication de votre artefact : utilisation de nexus-maven-plugin

Ajouter org.sonatype.plugins dans la section <pluginGroups> du fichier settings.xml

<settings>
  ...
  <pluginGroups>
    <pluginGroup>org.sonatype.plugins</pluginGroup>
  </pluginGroups>
  ...
</settings>

Afficher la liste des staging repositories : un staging repository par artefact

mvn nexus:staging-list

Ce qui vous permettra d’obtenir la liste des repositories ouverts et clôturés si il en existe :

staging-list

Clôturer un staging repository

mvn nexus:staging-close

Sélectionnez à partir de la liste le repository à clôturer et suivre les instructions:

staging-close

Publier l’artefact : action irréversible (aucun update ou delete ne sera possible)

mvn nexus:staging-promote

Sélectionnez le repository à publier:

staging-promote

Vous pouvez maintenant retrouver votre actefact sur le releases repository de Sonatype en attendant la synchronisation avec le repo1.maven.org qui vous permettra après quelques heures de le voir à partir du Maven Central Repository Browser

Activer la synchronisation avec le repository central repo1.maven.org

Pour une première publication, vous avez besoin de compléter le ticket JIRA précédemment créé par un commentaire afin de communiquer à Sonatype que votre staging repository est passé en « released ». Après étude, Sonatype activera la synchronisation centrale et fermera votre ticket.

Désormais, vos futures publications seront synchronisées automatiquement (pas besoin de création de ticket JIRA pour les prochaines releases).

Et l’impact du clash entre Sonatype et la Fondation Apache dans tout ça ?

La Fondation Apache et la société Sonatype sont en grand froid en ce moment (Maven Dev Mailing List : PMC change explanation). Nous ne polémiquerons pas sur le sujet. Nous n’avons pas vu d’impact sur la publication d’artefacts sur la Maven Central Repository (maven.org est géré par Sonatype, et non par la Fondation Apache).

Publié par Cyrille Le Clerc

CTO de Xebia, Cyrille est aussi committer sur le projet Apache CXF. Après être récemment intervenu sur les sites web et les plateformes de web service à fort traffic d'opérateurs de télécommunication, Cyrille est actuellement responsable de la mise en place d'une grille de données inter-continentale pour une grande institution financière française. Après 7 ans chez IBM Global Services et 5 ans chez Xebia, Cyrille a une expérience variée allant du monde commercial aux écosystèmes Open Source dans des approches aussi bien très cadrées et contractuelles que légères et agiles. Cyrille est aussi blogger sur blog.engineering.publicissapient.fr et speaker dans des conférences (In Memory Data Grids & NoSQL, applications prêtes pour la production, etc).

Commentaire

3 réponses pour " Deployer un artefact sur repo1.maven.org "

  1. Published by , Il y a 10 ans

    Troll mode
    > les licences « business unfriendly » (GPL, Aferro GPL, etc)

    1) Le noyau linux est il business-friendly ?
    2) Quel est la licence du noyau linux ?

    ಠ_ಠ

    Il aurait peut être été plus intéressant de présenter les licences type GPL de fàçon positives, plutot que négative … :-/ par exemple « freedom friendly ». Leur objectif premier n’est pas d’être anti-business, mais pro-liberté.

    PS : très bon article cela dit ^^

  2. Published by , Il y a 10 ans

    @Epo

    Notre point dans ce billet n’était pas de d’aborder les différentes ‘philosophies’ Open Source. Ce sujet sensible et polémique mériterait une série de billets et l’aide de juristes pour être traité avec précision et justesse :-).

    Nous avons juste repris

    Concernant le noyaux Linux :

    Oui il est business friendly :-)

    L’implémentation du noyau Linux est certes GPL qu’on dit « business unfriendly ». Cependant, les API (e.g. POSIX) sont elles sous license « business friendly » BSD ce qui permet notamment de distribuer des logiciels Close Source et éventuellement commerciaux pour Linux (cf Réponses au Quizz Licences Open Source: Comment des éditeurs commerciaux peuvent-ils distribuer des programmes « close source » pour Linux alors que Linux utilise la licence « business unfriendly » GPL qui est censée être « contaminante » ?.

    Concernant « freedom friendly », je ne trouve pas que « feedom friendly » soit l’apanage ni des licenses style GPL ni des licenses style BSD. Les deux apportent leur lot de liberté et de contraintes. Par exemple, je doute que les membres de la Fondation Apache se sentent « anti freedom » ;-)

    Cyrille (Xebia)

  3. Published by , Il y a 10 ans

    Coucou Cyrile, merci de répondre à mon table flip ^^

    Je te la fais à l’envers , pour que tu comprennes ;)

    Concernant « business friendly », je ne trouve pas que « business friendly » soit l’apanage ni des licenses style GPL ni des licenses style BSD. Les deux apportent leur lot de liberté et de contraintes. Par exemple, je doute que les membres de la Fondation du Kernel se sentent « anti-business »

    Tout ça pour dire que si on est pro quelque choses ça ne veut pas dire qu’on est contre son contraire. En disant que les licences GPL sont pro-liberté, je ne dit pas que les ASL sont anti-liberté.

    Pour corriger cela que penses tu des assertions suivantes :
    – les licences « business-oriented » Apache Software Licence, MIT, BSD, etc qui facilitent l’intégration dans toute programme (y compris « close source » et commercial)
    – les licences « freedom-oriented » (GPL, Aferro GPL, etc) qui visent la liberté de l’utilisateur avant toute chose.

    Etre something-oriented ne veut pas dire que tu n’est pas autre chose, cela veut seulement dire que ta priorité c est something. Ainsi, vouloir avant tout protéger la liberté des utilisateurs ne veut pas dire ne pas vouloir faire du business (ça peut l’impliquer par effet de bord) et inversement créer des licences facilitant le business ne veut pas dire être anti-liberté (ça peut l’impliquer en effet de bord).

    Le prefixe pro et anti sont souvent extremes à utiliser, ils manquent de subtilité :)

    Allez un petit (╯°□°)╯︵ ┻━┻ pour terminer

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