Oracle rachète Sun

La nouvelle est tombée à la surprise générale : Oracle a racheté Sun.
Malgré les rumeurs persistantes de rachat par IBM qui courraient depuis quelques semaines, c’est bien l’éditeur du célèbre SGBD qui a mis la main sur le convoité créateur de Java.

Le rapprochement de ces deux poids lourds du monde J2EE risque d’entrainer de profonds changements dans nos écosystèmes dans les mois à venir.

Les raisons officielles du rachat

Une stratégie à définir

De grandes dates pour voir la situation se décanter

Les raisons officielles du rachat

Larry Ellison, le CEO d’Oracle, invoque, dans son communiqué officiel, la volonté d’Oracle de mettre à disposition de ses clients une offre complète, du disque dur au logiciel.
Le rachat de Sun permet à Oracle de s’approprier la dimension hardware, mais aussi le système d’exploitation Solaris (support majoritaire de la base de données Oracle). La volonté affichée est d’exploiter et de tuner au mieux l’alliance Hardware / OS / SGDB / Serveur d’Applications, comme peut d’ailleurs le proposer d’ores et déjà IBM avec sa stack sur zOs.
Pour le côté hardware, on notera que Sun possède actuellement une lucrative activité stockage qui complètera avantageusement la base de données pour proposer aux clients d’Oracle une offre intégrée.

L’autre versant de ce rachat est bien sûr l’acquisition de Java. Après le rachat de BEA, c’est un énorme pas qu’Oracle a franchi pour s’ancrer définitivement dans l’informatique d’entreprise.

Une stratégie à définir

Quelle gouvernance pour Java ?

Historiquement, Oracle a réussi là où Sun a toujours dû batailler : monétiser ses middlewares. Le grand défi qui va se présenter à Oracle pourrait se résumer à la question suivante : comment faire des profits avec Java sans en dénaturer complètement l’esprit communautaire ?
Comment va évoluer la gouvernance du JCP ? La firme va t’elle poursuivre le mouvement insufflé depuis quelques mois qui tendait à ouvrir le JCP à un large nombre de contributeurs / projets ? Cette ouverture, souhaitée par de nombreux acteurs du monde J2EE, devait permettre l’émergence de ‘specs leaders’ indépendants des gros éditeurs (BEA, Oracle, IBM).
C’est peut être l’avenir même de Java 7 qui est en jeu ici.

JRockit, une nouvelle JVM standard ?

Pour un développeur Java, le choix d’une JVM est loin d’être anodin, et il est courant de se retrouver avec 2 ou 3 JVMs sur sa machine, en fonction du serveur J2EE cible.
Jusqu’à maintenant, le choix était relativement vite fait : la JVM de Sun pour lancer son environnement de développements, et la JVM JRockit ou IBM en fonction de la cible.
Avec ce rachat, Oracle a maintenant à maintenir 2 JVMs : celle de Sun, qui fait office de JVM par défaut pour la majorité des environnements Java, et JRockit.

Quel avenir pour MySql ?

Sun avait racheté MySql pour pouvoir offrir une alternative crédible au SGDB d’Oracle.
Depuis, Sun avait lutté pour faire de Mysql un produit commercial profitable. Ce nouveau rachat signifie-t-il la mort du produit open source ?
Pas nécessairement, Oracle ayant déjà fait par le passé des mouvements destinés à contrer la montée de ce concurrent, avec les rachats de SleepyCat et InnoDb. Il avait même été question de rachat pur et simple, à une époque pas si lointaine.
Maintenant que les 2 produits se retrouvent dans le même portefeuille, la question de leurs développements respectifs se pose légitimement.

Glassfish peut il encore exister ?

Le rachat de BEA il y a quelques mois avait offert à Oracle un serveur d’application J2EE digne de ce nom. Et le serveur J2EE ‘maison’ d’Oracle avait rapidement disparu du catalogue de l’éditeur.
Que va devenir Glassfish ? Le ‘serveur open source qui monte’ peut il exister à coté du mastodonte Weblogic ?
Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, on peut rappeler la déconfiture de Géronimo après le rachat de Gluecode par IBM en 2005.

Netbeans, (enfin) la mort de JDeveloper ?

Soyons francs, à moins d’avoir été ‘élevé’ avec, il est difficile de trouver des qualités à l’environnement de développement labellisé Oracle.
Il a pourtant survécu au rachat de BEA, même si les développeurs Weblogic lui préfèrent toujours le plugin Eclipse.
Oracle a déjà planté un clou dans le cercueil de JDeveloper, en faisant un pas vers les développeurs Eclipse, avec Oracle 11G Enterprise Pack for Eclipse
Survivra-t-il à la concurrence de Netbeans, qui, même s’il est toujours en retrait par rapport à Eclipse et Intellij IDEA, bénéficie d’une communauté bien plus large ?

Poursuivre dans la voie JavaFx ?

Alors que certaines voix s’élevaient chez Sun pour réclamer l’abandon de JavaFx, Oracle continuera-t-il à investir sur cette technologie ‘à la traine’, qui ne sera probablement pas ‘profitable’ à court terme ?

De grandes dates pour voir la situation se décanter

Alors, évolution (logique) ou révolution ?
La communauté devrait être assez rapidement fixée, avec la pléthore de sorties au programme ces prochains mois : Java7, JEE 6, Glassfish 3, JavaFx 1.2 … Ces milestones importantes devraient permettre d’y voir plus clair dans la stratégie qu’Oracle va adopter vis à vis de son nouveau protégé.
Rappelons seulement que le rachat de BEA par Oracle avait provoqué un émoi similaire, et que finalement cette absorption s’est faite en douceur, en appliquant des décisions pleines de bon sens.

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Publié par Pablo Lopez

Pablo est directeur technique chez Xebia et formateur Hadoop certifié par Cloudera au sein de Xebia Training .

Commentaire

2 réponses pour " Oracle rachète Sun "

  1. Published by , Il y a 14 ans

    Oui, avec un peu de chance, JDeveloper va finir par disparaitre. Je ne vois pas Oracle maintenir JDeveloper et NetBeans, tout deux possédant des fonctionnalités TRES similaires et tout deux basés sur Swing.

    J’imagine/j’espère une solution comme suit:
    – NetBeans restera comme souche open source telle qu’on la connait, en récupérant des features et/du code de JDeveloper (de fait, NetBeans est largement plus populaire que JDeveloper).
    – JDeveloper deviendra NetBeans avec des fonctionnalités orientés Oracle, comme Oracle ADF (Oracle Application Development Framework) déjà présent dans JDeveloper.

    Quant à Glassfish, Oracle va sans doute le garder tel que :
    – pour avoir une offre OSS en face de l’ennemi RedHat/JBoss
    – Oracle, absorbant SUN, doit tjrs produire une RI (Implémentation de Référence), et cette RI, ce ne sera pas WebLogic
    – WebLogic incorpore déjà des bouts de Glassfish (pour les WS).
    – Glassfish v3.0 est modulaire, de fait, WebLogic et Glassfish vont pouvoir cohabiter plus facilement.

    En matière de JVM, les 2 vont cohabiter un temps, et cela finira par se décanter, sans doute par une fusion des 2.

    Quant à JavaFx, peut être que Oracle voudra se trouver un nouvel ennemi en la présence de Adobe, c’est un peu le tempérament de Larry le combatif. En tout cas, ce qui est intéressant pour Java coté client (toute techno confondue), c’est que Oracle n’a pas l’air contre.

    Un autre produit, non Java il est vrai, n’a pas été cité : OpenOffice. Larry, toujours prompt à mettre une épine dans le pied de ses adversaires, pourrait bien pousser ce logiciel pour faire de l’ombre à Microsoft.

    Quoiqu’il en soit, c’est dommage que l’aventure SUN se termine…

  2. Published by , Il y a 14 ans

    le rachat de BEA n’a rien changé, c’est vite dit. La manière de calculer le nombre de licenses pour un environnement multi-core a quand même sérieusement changé, et pas au profit du client si vous voulez mon avis.

    Donc avec ce rachat de Sun, je crains qu’Oracle ne tienne une bonne vache à lait en la personne des (ex-)clients Sun.

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